Charles Aznavour nous a quittés il y 5 ans. Pour lui rendre hommage, un clip animé a été publié pour illustrer le morceau "Hier encore". Dans la vidéo, on revit l'incroyable et riche carrière de Monsieur Charles sous le magnifique coup de crayon du jeune illustrateur Lucas Esteban. »
Même s'il me faut lâcher ta main
sans pouvoir te dire "à demain"
rien ne défera jamais nos liens...
même s'il me faut aller plus loin
couper des ponts, changer de train
l'amour est plus fort que le chagrin...
l'amour qui fait battre nos cœurs
va sublimer cette douleur
transformer le plomb en or
tu as tant de belles choses à vivre encore...
tu verras au bout du tunnel
se dessiner un arc-en-ciel
et refleurir les lilas
tu as tant de belles choses devant toi...
même si je veille d'une autre rive
quoi que tu fasses, quoi qu'il t'arrive
je serai avec toi comme autrefois...
même si tu pars à la dérive
l'état de grâce, les forces vives
reviendront plus vite que tu ne crois...
dans l'espace qui lie ciel et terre
se cache le plus grand des mystères
comme la brume voilant l'aurore
il y a tant de belles choses que tu ignores
la foi qui abat les montagnes
la source blanche dans ton âme
penses-y quand tu t'endors
l'amour est plus fort que la mort...
Françoise Hardy est morte à 80 ans : la voix de la mélancolie s’est envolée
Françoise Hardy est décédée à 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc, ce mardi 11 juin. Révélée dès ses premières chansons, elle devient vite une icône de la chanson française, ici comme à l’étranger, sortant, en plus de soixante ans de carrière, de nombreux albums remarquables. C’est donc un monument qui vient de disparaître, à la voix émouvante, à la plume élégante, aux mélodies délicates.
Et surtout une voix du Monde... Voici notre humble hommage qui gambade avec tendresse entre adaptations de ses chansons et reprises, en français...
José Maria Laura Aranjuez, mon amour La vie en rose
Mourir pour toi L'important, c'est la rose Inch'Allah
En ces temps confinés on s'est posés un peu
Loin des courses effrénées on a ouvert les yeux
Sur cette époque troublée, ça fait du bien parfois
Se remettre à penser même si c'est pas par choix
Alors entre les cris d'enfants et le travail scolaire
Entre les masques et les gants, entre peur et colère
Voyant les dirigeants flipper dans leur confuse gestion
En ces temps confinés, on se pose des questions
Et maintenant...
Et maintenant...
Et si ce virus avait beaucoup d'autres vertus
Que celle de s'attaquer à nos poumons vulnérables
S'il essayait aussi de nous rendre la vue
Sur nos modes de vie devenus préjudiciables
Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi
On laisse enfin la terre récupérer ce qu'on lui a pris
La nature fait sa loi en reprenant ses droits
Se vengeant de notre arrogance et de notre mépris
Et est-ce un hasard si ce virus immonde
N'attaque pas les plus jeunes, n'atteint pas les enfants
Il s'en prend aux adultes responsables de ce monde
Il condamne nos dérives et épargne les innocents
Ce monde des adultes est devenu si fébrile
L'ordre établi a explosé en éclats
Les terriens se rappellent qu'ils sont humains et fragiles
Et se sentent peut-être l'heure de remettre tout à plat
Et si ce virus avait beaucoup d'autres pouvoirs
Que celui de s'attaquer à notre respiration
S'il essayait aussi de nous rendre la mémoire
Sur les valeurs oubliées derrière nos ambitions
On se découvre soudain semblables, solidaires
Tous dans le meme bateau pour affronter le virus
C'était un peu moins le cas pour combattre la misère
On était moins unis pour accueillir l'Aquarius
Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui nous est vraiment essentiel
Les voyages, les sorties, l'argent ne sont plus la norme
Et de nos fenêtres on réapprend à regarder le ciel
On a du temps pour la famille, on ralentit le travail
Et même avec l'extérieur, on renforce les liens
On réinvente nos rituels, pleins d'idées, de trouvailles
Et chaque jour on prend des nouvelles de nos anciens
Et si ce virus nous montrait qui sont les vrais héros
Ceux qui trimaient déjà dans nos pensées lointaines
Ce n'est que maintenant qu'ils font la Une des journaux
Pendant que le CAC 40 est en quarantaine
Bien avant le Corona l'hôpital suffoquait
Il toussait la misère et la saturation
Nos dirigeants découvrent qu'il y a lieu d'être inquiet
Maintenant qu'il y a la queue en réanimation
On reconnaît tout à coup ceux qui nous aident à vivre
Quand l'état asphyxie tous nos services publics
Ceux qui nettoient les rues, qui transportent et qui livrent
On redécouvre les transparents de la République
Et maintenant...
Et maintenant...
Alors quand ce virus partira comme il est venu
Que restera-t-il de tous ses effets secondaires ?
Qu'est-ce qu'on aura gagné avec tout ce qu'on a perdu ?
Est-ce que nos morts auront eu un destin salutaire ?
Et maintenant...
Et maintenant...
Et maintenant...
Et maintenant...
« L’intégralité des revenus de ce morceau sera reversée à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (93) et l’hôpital François Quesnay de Mantes la Jolie (78) via la Fondation Hôpitaux Paris - Hôpitaux de France.
ArtsKris - Clip réalisé avec les images du film Les choses de la vie de Claude Sautet.
PAROLES
Ce soir nous sommes septembre
Et j'ai fermé ma chambre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus
Là-haut un oiseau passe comme une dédicace
Dans le ciel
Je t'aimais tant Hélène Il faut se quitter Les avions partiront sans nous Je ne sais plus t'aimer Hélène
Avant dans la maison
J'aimais quand nous vivions
Comme dans un dessin d'enfant
Tu ne m'aimes plus
Je regarde le soir tomber dans les miroirs
C'est ma vie
C'est mieux ainsi Hélène C'était l'amour sans amitié Il va falloir changer de mémoire Je ne t'écrirai plus Hélène
L'histoire n'est plus à suivre
Et j'ai fermé le livre
Le soleil n'y entrera plus
Tu ne m'aimes plus
J’ai lâché le téléphone
Comme ça
En ce beau matin d’automne
Pas froid
Ça ressemblait à l’été
Sauf que tu n’y étais pas
Puis j’ai regardé le ciel
D’en bas
Indécis, voulais-je y monter
Ou pas
Mais savais que j’étais fait
Que j’étais fait comme un rat
Comment est ta peine ?
La mienne est comme ça
Faut pas qu’on s’entraîne
À toucher le bas
Il faudrait qu’on apprenne
À vivre avec ça
Comment est ta peine ?
La mienne s’en vient, s’en va
S'en vient, s'en va
J’ai posé le téléphone
Comme ça
J' peux jurer avoir entendu
Le glas
J’aurais dû te libérer
Avant que tu ne me libères moi
J’ai fait le bilan carbone
Trois fois
Puis parlé de ta daronne
Sur un ton que tu n’aimerais pas
Tu ne le sauras jamais
Car tu ne m’écoutes pas
Comment est ta peine ?
La mienne est comme ça
Faut pas qu’on s’entraîne
À toucher le bas
Il faudrait qu’on apprenne
À vivre avec ça
Comment est ta peine ?
La mienne s’en vient, s’en va
La mienne s'en vient, s'en va
Dis comment sont tes nuits
Et combien as-tu gardé de nos amis ?
Comment est ta peine
Est-ce qu’elle te susurre de voler de nuit ?
Comment va ta vie ?
Comment va ta vie ?
La mienne comme ça, comme ci
Comment est ta peine ?
La mienne est comme ça
Faut pas qu’on s’entraîne
À toucher le bas
Il faudrait qu’on apprenne
À vivre avec ça
Comment est ta peine ?
La mienne s’en vient, s’en va
S'en vient, s'en va
S'en vient, s'en va
Clip en noir est blanc réalisé par Marta Bevacqua. Avec l'actrice franco-finlandaise, Nadia Tereszkiewicz, qui danse au bord de la plage, alors que Benjamin Biolay est chez lui.
Superbe hommage à Annie Girardot (1931-2011) et à toutes les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer
PAROLES
Comme un drame à la Visconti
Aux dernières scènes déchirantes
Elle joue sa propre tragédie
Les yeux dans le vide, bouleversante
Mais ce n'est plus un rôle, c'est sa vie
Parfois sa mémoire, sa conscience
La laisse comme un peu loin d'ici
Depuis quelque temps
Elle oublie
Lentement, éperdument
Comme se quittent les amants
Elle oublie
Lentement, douloureusement
Comme un soleil couchant
Elle oublie
Elle oublie
Elle se demande ce que devient
Dans sa nuit noire, sans plus d'étoile
Traînant sur son Sunset boulevard
Une actrice oubliant l'histoire
Madame, vous perdez la mémoire
Et elle ne reviendra jamais
Ces mots résonnent dans le couloir
Elle a si peur
Elle oublie
Lentement, éperdument
Comme se quittent les amants
Elle oublie
Lentement, douloureusement
Comme un soleil couchant
Elle oublie
Elle oublie
Un instant elle revoit le monde
Juste avant, comme il était
Ses amours, ses enfants, sa vie
Tout s'envolerait à jamais
Ne seront-ils un jour pour elle
Que de simples étrangers
Ne restera-t-il vraiment plus rien
Est-ce que c'est possible, vraiment rien
Vraiment rien
Lentement, inexorablement
Comme se déchirent les amants
Elle oublie
Follement, éperdument,
Douloureusement
Elle oublie
Elle oublie
Elle oublie
«Au début, c'est un titre de film, par exemple, qui s'efface.
Ou bien le nom d'une ville: je suis à Londres et je crois que c'est Berlin.
Et puis un jour un homme arrive avec une blouse blanche. Il a l'air grave et il me dit:
Madame vous êtes malade, vous perdez la mémoire. Elle ne reviendra jamais.
Le bonheur, vous savez, c'est le cœur que ça concerne, c'est pas le cerveau.
Les films que j'ai tournés, les hommes que j'ai aimés, c'est la belle histoire de ma vie.
Sauf que maintenant vous la connaissez mieux que moi.
Mes enfants, mes amis,
je vous aime
je vous aime et je vous quitte un peu.
Et s'il y a une chose qui ne disparaîtra jamais, c'est la chaleur de votre amour.
Merci»
Merci Madame Annie Girardot pour avoir posé votre regard si touchant et vos mots si vrais sur une si grande douleur... José Maria Laura
Très belle reprise de la chanson de CHARLES TRENET.
Douceur et Bossa Nova...
JOÃO GILBERTO (1931-2019)
PAROLES
Ce soir le vent qui frappe à ma porte Me parle des amours mortes Devant le feu qui s'éteint Ce soir c'est une chanson d'automne Dans la maison qui frissonne Et je pense aux jours lointains
Que reste-t-il de nos amours?
Que reste-t-il de ces beaux jours?
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux?
Des mois d'avril, des rendez-vous?
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse
Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela?
Dites-le-moi
Un petit village, un vieux clocher
Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage
De mon passé
Les mots les mots tendres qu'on murmure Les caresses les plus pures Les serments au fond des bois Les fleurs qu'on retrouve dans un livre Dont le parfum vous enivre Se sont envolés pourquoi?
Que reste-t-il de nos amours?
Que reste-t-il de ces beaux jours?
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux?
Des mois d'avril, des rendez-vous?
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse
Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela?
Dites-le-moi
Un petit village, un vieux clocher
Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage
De mon passé
Ça commence par un coup d'bol, on arrive, on connaît personne
On tombe sur des gens sympas qui nous aiment déjà
Ça commence par du pas mal, des filles en blouse d'hôpital
Un cordon qui nous relie à la femme de not'e vie
C'est comme un drôle de cadeau
Un chef-d'œuvre qu'on lit sans en comprendre un mot
Va savoir quand elle nous quitte l'insouciance
Va trouver la date limite de l'enfance
Ça part souvent plutôt bien le foot avec les copains
Tous ces jours qui s'aditionnent sans pleurer personne
Les quatre accords qu'on répète sur une guitare qu'on nous prête
Chaque photo qui nous sourit, c'est la femme de not'e vie
On sait pas trop ce que ça vaut
L'enfance est un jardin qu'on visite un peu tôt
Va savoir quand elle nous quitte l'insouciance
Va trouver la date limite de l'enfance
Surtout qu'avec les années elle a tendance à s'effacer
Je me souviens du bout d’la table comme d’un fragment d’éternité
C’est Noël. J’ai quatre ans. Je suis l’plus jeune de la famille
À l’autre bout en face de moi mon arrière-grand-mère est figée
Elle n’entend plus que des yeux, et semble sourire sans béquille
Entre elle et moi, il y a les grands, qu’elle continue d’appeler les jeunes.
Ils parlent vite, ils parlent fort, je ne comprends pas tout ce qu’ils se disent
Tonton Daniel a l’air d’être drôle, il fait des blagues quand on déjeune
Vous devriez voir comme il est fier quand sa femme rit à ses bêtises
Et y a ma mère, un peu plus loin, qui parfois jette un œil sur moi
Elle trouve toujours une bonne excuse pour venir jusqu’au bout d’la table
Une viande un peu dure à couper, un pichet d’eau trop lourd pour moi
À cette époque, j’étais un roi assis sur un trône éjectable
Dix ans plus tard, le bout d'la table n'est plus très loin mais il s'éloigne
L'arrière-grand-mère me manque un peu et mon grand-père a pris sa place
Ses mains voyagent, elles papillonnent, prennent des détours quand elles se joignent
Personne ne semble s'en rendre compte à part peut-être le temps qui passe
Maintenant que je comprends ses blagues, Tonton Daniel me fait marrer
Et j' crois qu'il n'est vraiment heureux que quand sa femme rit à pleines dents
Ça se fend la gueule, ça boit des coups, tout le monde trinque à la légèreté
Et pendant ce temps le bout d'la table s'efface derrière un tremblement
Et le temps passe, j'ai trente-cinq ans, mon fils a pris la place du roi
En face de lui, j' vois sa grand-mère faire de ma mère une vieille dame
Mais c'est la vie, comme dit Daniel, il faut garder le sens de la joie
Pourtant parfois l'humour d'un homme ne dure qu' le temps du rire d'une femme
J'ai soixante ans et l'intention de profiter de chaque image
Mon petit-fils au bout d'la table qui galère avec son steak
Ma mère qui livre un combat contre un pichet trop lourd pour son âge
Y a le bout d'la table qui m'attend et j'ai plus peur de m'battre avec
Je me souvenais bien de cette place comme d'un fragment d'éternité
Je suis le plus vieux mais qu'importe l'âge, je suis bien, c'est Noël
À l'autre bout, en face de moi, un petit garçon semble très intrigué
Par mes mains qui voyagent malgré elles
Entre nous deux il y a les jeunes qui parlent fort, qui parlent entre eux
Y a un petit-neveu qui a l'air d'être drôle, qui fait marrer toute la famille
Ce brouhaha d'éclats de rire que je n'entends plus qu'avec les yeux
J'vais continuer d'en profiter et j'vais sourire sans béquille
Ça fait dix ans que j'm'asseois ici et j'm'y sens bien à chaque Noël
J'crois bien qu'j'ai passé toute ma vie à jouer aux chaises infidèles
J'ai mis une vie pour m'asseoir là et prendre conscience du temps qui passe
Il faut une vie pour s'asseoir là et accepter de céder la place
Une tache, une ombre et dans le désert
Des traces de poudre et de safran
Des taxis blancs, des claquements de portières
Un vrai mélange de sentiments
Madrid, Madrid
Le prix que je paie
C'est encore quelques heures sans sommeil
Pour me souvenir de toi
Puerta del Sol station du métro
Sortie vers la Plaza Mayor
Je suis à l'heure je crois même que j'en fais trop
Une vraie doublure dans un décor
Madrid, Madrid
Tu peux me faire signe
Tu peux brouiller mes mots sur la ligne
Quand je parlerai de toi
Bonsoir y buenos días
(et jusqu'au dernier détail)
Miroir si has de ser mí espía
(ses yeux derrière un éventail)
Madrid, Madrid
Les choses que je pense
Ont un p'tit air d'accordéon rance
Quand elle n'est pas avec moi
Madrid, Madrid
Le prix que je paie
C'est encore quelques heures sans sommeil
Pour me souvenir de toi
Toda una tarde en el Retiro
Echando piedras a un farol
Els meus amors se han derretido
Con tanta luz y tanto sol
Madrid, Madrid
Me pongo triste
Al ver lo bien que tu te vistes
Si se han a reir de ti
Bonsoir y buenos días
(et jusqu'au dernier détail)
Miroir si has de ser mí espía
(ses yeux derrière un éventail)
Une tache, une ombre et dans le désert
Des traces de poudre et de safran
Des taxis blancs, des claquements de portières
Un vrai mélange de sentiments
Madrid, Madrid
Me desesperas
De tanto mover las caderas
Se van a reir de ti
Nilda Fernandez en concert à Tours (juin 2010). ar Joël Thibault — Travail personnel, CC BY-SA 4.0/Wikimedia.org
Le chanteur Nilda Fernandez est mort à l’âge de 61 ans
L’interprète de « Nos fiançailles » et « Madrid Madrid » est mort dimanche d’une insuffisance cardiaque.
Né à Barcelone, il a grandi à Lyon et voyagé avec sa guitare, « jouant dans les bars, les clubs et autres petits lieux, au hasard des rencontres et des opportunités », selon son site internet. En 1981, il enregistre un premier album. Après six ans d’éloignement, période pendant laquelle il fait des « boulots » sans rapport avec la musique, Nilda Fernandez revient en 1987 avec Madrid Madrid, qui est un succès.
«Être artiste est une profession de foi basée sur une envie profonde de faire ce qu’on aime et non par désir d’avoir du succès. J’ai vécu de mon travail, et encore aujourd’hui, et j’aime ma carrière parce qu’elle n’a jamais dépendu du regard des autres. Il y a deux manières de vivre : soit exister dans le regard des autres, soit faire exister les autres à travers soi. J’ai plutôt tendance à choisir cette deuxième option.»
Une mère
Ça travaille à temps plein
Ça dort un œil ouvert
C’est d’garde comme un chien
Ça court au moindre petit bruit
Ça s’lève au petit jour
Ça fait des petites nuits.
C’est vrai
Ça crève de fatigue
Ça danse à tout jamais une éternelle gigue
Ça reste auprès de sa couvée
Au prix de sa jeunesse
Au prix de sa beauté.
Une mère
Ça fait ce que ça peut
Ça ne peut pas tout faire
Mais ça fait de son mieux.
Une mère
Ça calme des chamailles
Ça peigne d’autres cheveux que sa propre broussaille.
Une mère
C’est plus comme les autres filles
Ça oublie d’être fière
Ça vit pour sa famille
Une mère
Ça s’confine au bercail
C’est pris comme un noyau dans l’fruit de ses entrailles
Une mère
C’est là qu’ça nous protège
Avec les yeux pleins d’eau
Les cheveux pleins de neige
Une mère
A un moment, ça s’courbe,
Ça grince quand ça s’penche
Ça n’en peut plus d’être lourde
Ça tombe, ça se brise une hanche
Puis rapidement, ça sombre
C’est son dernier dimanche
Ça pleure et ça fond à vue d’œil
Ça atteint la maigreur des plus petits cercueils
Oh, bien sûr, ça veut revoir ensemble
Toute sa progéniture entassée dans sa chambre
Et ça fait semblant d’être encore forte
Jusqu’à c’que son cadet ait bien r’fermé la porte.
Et lorsque, toute seule ça se retrouve
Ça attend dignement qu’le firmament s’entrouvre
Et puis là, ça se donne le droit
De fermer pour une fois
Les deux yeux à la fois.
Une mère
Ça n’devrait pas partir
Mais on n’y peut rien faire
Mais on n’y peut rien dire.