dimanche 23 juin 2019
GOVRACHE - Le bout de la table
Paroles Govrache. Musique A. Delprat et A. Daoud.
PAROLES
Je me souviens du bout d’la table comme d’un fragment d’éternité
C’est Noël. J’ai quatre ans. Je suis l’plus jeune de la famille
À l’autre bout en face de moi mon arrière-grand-mère est figée
Elle n’entend plus que des yeux, et semble sourire sans béquille
Entre elle et moi, il y a les grands, qu’elle continue d’appeler les jeunes.
Ils parlent vite, ils parlent fort, je ne comprends pas tout ce qu’ils se disent
Tonton Daniel a l’air d’être drôle, il fait des blagues quand on déjeune
Vous devriez voir comme il est fier quand sa femme rit à ses bêtises
Et y a ma mère, un peu plus loin, qui parfois jette un œil sur moi
Elle trouve toujours une bonne excuse pour venir jusqu’au bout d’la table
Une viande un peu dure à couper, un pichet d’eau trop lourd pour moi
À cette époque, j’étais un roi assis sur un trône éjectable
Dix ans plus tard, le bout d'la table n'est plus très loin mais il s'éloigne
L'arrière-grand-mère me manque un peu et mon grand-père a pris sa place
Ses mains voyagent, elles papillonnent, prennent des détours quand elles se joignent
Personne ne semble s'en rendre compte à part peut-être le temps qui passe
Maintenant que je comprends ses blagues, Tonton Daniel me fait marrer
Et j' crois qu'il n'est vraiment heureux que quand sa femme rit à pleines dents
Ça se fend la gueule, ça boit des coups, tout le monde trinque à la légèreté
Et pendant ce temps le bout d'la table s'efface derrière un tremblement
Et le temps passe, j'ai trente-cinq ans, mon fils a pris la place du roi
En face de lui, j' vois sa grand-mère faire de ma mère une vieille dame
Mais c'est la vie, comme dit Daniel, il faut garder le sens de la joie
Pourtant parfois l'humour d'un homme ne dure qu' le temps du rire d'une femme
J'ai soixante ans et l'intention de profiter de chaque image
Mon petit-fils au bout d'la table qui galère avec son steak
Ma mère qui livre un combat contre un pichet trop lourd pour son âge
Y a le bout d'la table qui m'attend et j'ai plus peur de m'battre avec
Je me souvenais bien de cette place comme d'un fragment d'éternité
Je suis le plus vieux mais qu'importe l'âge, je suis bien, c'est Noël
À l'autre bout, en face de moi, un petit garçon semble très intrigué
Par mes mains qui voyagent malgré elles
Entre nous deux il y a les jeunes qui parlent fort, qui parlent entre eux
Y a un petit-neveu qui a l'air d'être drôle, qui fait marrer toute la famille
Ce brouhaha d'éclats de rire que je n'entends plus qu'avec les yeux
J'vais continuer d'en profiter et j'vais sourire sans béquille
Ça fait dix ans que j'm'asseois ici et j'm'y sens bien à chaque Noël
J'crois bien qu'j'ai passé toute ma vie à jouer aux chaises infidèles
J'ai mis une vie pour m'asseoir là et prendre conscience du temps qui passe
Il faut une vie pour s'asseoir là et accepter de céder la place
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J'adore les paroles
RépondreSupprimerNous aussi! Merci de votre visite!
SupprimerJosé Maria et Maria Laura